Chapitre 16

 

UNE NOTE NOIRE PAR UN JOUR RADIEUX

 

 

De son point d’observation, sur une saillie rocheuse de l’imposante montagne dominant la vallée, Danica contemplait le magnifique Envol de l’Esprit, une cathédrale aux tours grandioses, aux contreforts à l’équilibre merveilleux et aux vitraux splendides… Alentour, les acres de terrain aménagés et leurs bordures d’arbres bénéficiaient d’un entretien impeccable. Les topiaires étaient taillés en forme d’animaux, il y avait même un labyrinthe végétal.

Cadderly, l’époux de Danica, avait bâti la cathédrale – son plus grand motif de fierté. Sa femme, elle, jugeait que leurs jumeaux (qui jouaient devant l’entrée du labyrinthe) et le bébé qui dormait dans un berceau étaient sa plus belle œuvre.

Cadderly était un prêtre émérite de Déneïr, le dieu de la connaissance.

Au grand dam du nain Pikel Fortroc, les jumeaux s’engouffrèrent soudain dans le labyrinthe. Adepte de la voie druidique – une école de magie que son frère Ivan dénigrait –, Pikel avait conçu le labyrinthe végétal et bien d’autres jardins étonnants.

Les poils de barbe et les cheveux teints en vert, Pikel se lança à la poursuite des garnements en poussant des « Hiiiic » et d’autres « pikelismes » encore. Les racines des haies n’avaient pas eu le temps de prendre toutes et son labyrinthe n’était pas encore prêt à accueillir des visiteurs.

Naturellement, dès que le nain se fut enfoncé dans son labyrinthe, les jumeaux rebroussèrent chemin.

Maintenant, ils jouaient tranquillement à l’entrée. Danica ignorait jusqu’où s’était aventuré le nain à la barbe verte, mais à en juger par ses piailleries, il était bien parti pour se perdre – pour la troisième fois de la journée.

Une rafale souffla de la montagne, poussant dans ses yeux la belle chevelure couleur bouton-d’or de Danica. Elle souffla sur une mèche de cheveux qui s’était posée sur ses lèvres.

Tête inclinée, elle vit arriver Cadderly.

Quels sémillants abords ! Dans sa tunique et son pantalon blanc cygne, avec sa cape en soie azur et son chapeau à large bord surmonté d’une plume, il avait fière allure. Construire l’Envol de l’Esprit l’avait tellement vieilli que Danica et lui avaient craint le pire… Au grand dam de sa femme, il avait été prêt à cet ultime sacrifice au nom de la monumentale bibliothèque. Peu après l’achèvement du gros œuvre – les détails, comme les moulures des portes, les dorures à la feuille et les linteaux aux sculptures végétales des belles arches pour ne citer que ceux-là risquant de demeurer lettre morte –, le processus de vieillissement s’était inversé. L’homme avait rajeuni presque aussi vite. À présent, avec sa foulée puissante et sa prestance, on lui donnait à peine une trentaine d’années. Chaque fois qu’il se tournait vers Danica, ses yeux pétillaient de joie. La jeune femme avait craint que le rajeunissement inattendu se poursuive, et qu’elle se retrouve avec quatre enfants à élever au lieu de trois…

Par chance, le phénomène s’était arrêté. Et Cadderly était revenu comme par magie à l’âge qu’il avait avant d’entreprendre son chantier – avant que tout commence, au sein de l’Édifiante Bibliothèque, par la malédiction du chaos et la destruction de l’ordre ancien de Déneïr…

Cadderly Bonaduce étant prêt à tout sacrifier à la cathédrale et à l’ordre nouveau, Déneïr lui avait rendu la vie. Une vie tellement enrichie par Danica et les enfants…

— J’ai eu un visiteur ce matin, annonça-t-il en arrivant près d’elle.

Il jeta un coup d’œil vers les jumeaux et, entendant les cris de Pikel de nouveau égaré dans son labyrinthe, Cadderly sourit.

Ses yeux gris aussi semblaient sourire, s’émerveilla Danica.

— Un homme de Carradoon, dit-elle. Je l’ai vu arriver.

— Il apportait des nouvelles de Drizzt Do’Urden, expliqua-t-il.

Cela piqua la curiosité de la jeune femme. L’année précédente, le couple avait fait la connaissance de l’elfe noir. Grâce à l’un des sortilèges de Cadderly, Drizzt avait pu gagner les terres du nord.

Durant un long moment, Danica étudia l’expression inhabituellement grave de son mari.

— Il a repris l’Éclat de cristal…

Ils en avaient parlé avec Drizzt et son amie humaine Catti-Brie. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, le drow avait promis de récupérer l’artefact maudit et de le rapporter à Cadderly pour qu’il soit détruit.

— Oui, confirma le prêtre en lui tendant un rouleau de feuilles de parchemin.

Danica les déroula. Les bonnes nouvelles concernant Wulfgar, le vieil ami de Drizzt, la firent sourire. Le barbare avait été libéré des griffes du démon Errtu. Mais la lecture de la deuxième feuille la fit blêmir… Un mercenaire drow, Jarlaxle, avait volé l’Éclat de cristal… L’un de ses guerriers, sous l’apparence de Cadderly, était venu prendre l’artefact à Drizzt.

Danica marqua une pause et releva les yeux vers son mari, qui récupéra les parchemins.

— Drizzt pense que Crenshinibon est retourné dans la cité souterraine de Menzoberranzan, la patrie de Jarlaxle, expliqua Cadderly.

— Grand bien fasse à Menzoberranzan ! s’exclama Danica.

Son mari et elle avaient débattu des pouvoirs de l’artefact, cet instrument du chaos et de la destruction… Il causait la perte des ennemis de son « maître », de ses alliés et pour finir, du « maître » lui-même…

Avec l’Éclat de cristal, il ne pouvait y avoir d’autre dénouement. Le détenir revenait à contracter une maladie mortelle. Et fatale pour soi comme pour son entourage…

— C’est un artefact « solaire », souligna Cadderly en se mettant à secouer la tête avant même qu’elle ait eu fini d’exprimer son idée. Sur le plan symbolique, il ne saurait exister pire perversion.

— Mais les drows sont des créatures d’Outreterre… Qu’ils emportent donc le cristal au fond de leur trou ! Qui sait, ça débarrassera peut-être le monde de ce fléau.

Le prêtre secoua de nouveau la tête.

— Qui est le plus fort ? Crenshinibon ou son « maître » ?

— Ce drow-là semble très ingénieux. Abuser Drizzt Do’Urden n’était tout de même pas un mince exploit.

Cadderly haussa les épaules et se fendit d’un rictus.

— Dès que l’artefact aura corrompu son nouveau « propriétaire » – car je doute que ce Jarlaxle ait une pureté d’âme semblable à celle de Drizzt Do’Urden –, il l’empêchera à coup sûr de descendre dans les entrailles de la terre. D’ailleurs, ce n’est pas nécessairement une question de force de caractère. Toute la subtilité du cristal réside dans sa capacité à amener ses victimes à partager son point de vue, pas à les dominer.

— Et un elfe noir assoiffé de puissance serait aisément manipulé…

— Hélas, oui, répondit Cadderly.

Un long moment s’écoula tandis qu’ils réfléchissaient à ce qui venait d’être dit.

— Qu’allons-nous faire ? demanda finalement Danica. Si l’Éclat de cristal refuse de se laisser entraîner sous terre, devons-nous le regarder se livrer à ses exactions sans rien tenter ? Savons-nous même où il pourrait être ?

Encore plongé dans ses pensées, Cadderly mit du temps à répondre. Ces questions – que faire, et le degré de responsabilité des uns et des autres – étaient la base même des réflexions philosophiques sur la nature du pouvoir. En sa qualité de prêtre, était-ce à Cadderly de traquer le nouveau possesseur de l’Éclat de cristal, ce voleur d’elfe noir, et de le lui reprendre de force afin de le renvoyer au néant ? Mais dans ce cas… et toutes les injustices du monde ? Et les pirates de la mer des Etoiles déchues ? Cadderly devait-il affréter un bateau pour leur donner la chasse ? Et les infâmes Magiciens Rouges de Thay ? Était-ce au prêtre de les débusquer et de les vaincre jusqu’au dernier ?

Sans oublier le Zhentarim, le Trône de Fer, les Voleurs de l’Ombre…

— Te souviens-tu de notre rencontre ici avec Drizzt Do’Urden et Catti-Brie ? (Lisait-elle dans ses pensées ? se demanda Cadderly.) Il était affligé d’apprendre que notre invocation, involontairement, avait libéré le démon Errtu – exilé par ses soins des années auparavant… Qu’avais-tu répondu à Drizzt pour le calmer ?

— Que la libération d’Errtu ne posait pas de problème majeur. Qu’il y aurait toujours un démon prêt à répondre à l’invocation d’un magicien animé de mauvaises intentions… Si ce n’était Errtu, c’en serait un autre.

— C’était un agent du chaos parmi bien d’autres, dit Danica. Exactement comme l’Éclat de cristal est un simple élément du chaos. Tous ont le même but… Ses ravages se substitueraient seulement à ceux d’une myriade d’autres instruments du chaos, non ?

Cadderly sourit en plongeant son regard dans les profondeurs apparemment sans fond de ses yeux noisette en forme d’amande. Comme il adorait sa femme ! Une authentique « partenaire » sur tous les plans, intelligente et dotée du sens de la discipline le plus fort qu’il ait jamais connu, Danica l’aidait à traverser les épreuves, à affronter les questions épineuses et les choix difficiles… Elle l’écoutait et réfléchissait avec lui aux solutions les meilleures – ou les moins mauvaises.

— C’est dans le cœur que germe le mal. Les instruments de destruction ne sont que des… instruments, ajouta-t-il pour compléter la pensée de sa femme.

— L’Éclat de cristal est-il le cœur ou l’instrument ? demanda Danica.

— C’est la question, n’est-ce pas ? L’artefact est-il semblable au démon qu’on invoque, un outil de destruction pour celui qui a déjà le cœur corrompu ? Ou s’agit-il d’un manipulateur ? Est-ce lui qui crée le mal là où il n’existait pas ? (Cadderly leva les bras au ciel, ne possédant aucune réponse à ces questions.) Quoi qu’il en soit, je contacterai mes sources extraplanaires et je verrai si je peux localiser l’artefact et cet elfe noir, Jarlaxle. Il me faudra savoir quel usage il en a fait. Ou pire, comment Crenshinibon compte l’utiliser.

Danica allait lui demander des éclaircissements, mais elle se ravisa. Plutôt que de laisser Jarlaxle l’emporter en Outreterre, le cristal allait-il le manipuler pour lancer une invasion drow ? Avec les elfes noirs, Crenshinibon verrait une occasion unique de provoquer dans le monde des bouleversements de toutes sortes…

Sur un plan personnel, si Jarlaxle avait dérobé l’artefact en faisant prendre à un de ses guerriers l’apparence de Cadderly… Le drow et l’Éclat de cristal connaissaient forcément le prêtre de Déneïr. Un prêtre qui serait peut-être en mesure de le détruire…

Danica fut subitement inquiète – Cadderly reconnaîtrait cette expression entre mille – et elle chercha d’instinct ses enfants du regard.

— Je tâcherai de découvrir où est Jarlaxle et quel genre de troubles il sème sur l’instigation du cristal…déclara Cadderly, en parvenant pas parfaitement à décrypter l’expression de Danica et se demandant si, peut-être, elle doutait de lui.

— Il n’y a plus une minute à perdre ! répondit son épouse d’un air grave, plus que convaincue.

Un gémissement soudain incita le prêtre et son épouse à se tourner vers le labyrinthe.

— C’est Pikel ! expliqua Danica.

— Encore perdu…, fit Cadderly, un sourire aux lèvres.

— Encore ? Ou toujours ?

Ils perçurent un grondement non loin d’eux et aperçurent le frère de Pikel, grommelant à chaque pas, Ivan à la barbe jaune, qui se dirigeait vers le labyrinthe.

— Il n’est même pas fichu de s’orienter entre deux haies !

— Et tu vas le sortir de là ? lui lança Cadderly.

Se tournant vers les humains, Fortroc parut les remarquer pour la première fois.

— Je passe ma vie à le « sortir de là » ! grommela-t-il.

Hochant la tête avec un bel ensemble, Cadderly et Danica laissèrent les nains à leurs petits plaisirs. Car si Ivan l’ignorait encore, sa façon de « secourir » Pikel leur valait souvent des problèmes à l’un comme à l’autre…

Évidemment, peu après, les piailleries d’Ivan se joignirent à celles de son frère. Il était à son tour perdu dans le labyrinthe végétal…

Cadderly, Danica et les jumeaux, assis à l’extérieur du labyrinthe retors, s’amusaient bien.

 

***

 

Quelques heures plus tard, la séquence idoine de sortilèges soigneusement préparée et le cercle de protection magique (toujours utilisé, même contre les créatures des plans mineurs) méticuleusement inspecté, le prêtre s’assit en tailleur dans sa salle d’invocation et entama l’incantation qui allait faire apparaître un démon mineur, un diablotin.

Peu après, un petit démon aux ailes de chauve-souris se matérialisa dans le cercle de protection. Désorienté, il sautilla en tous sens avant d’aviser l’humain, qu’il étudia longuement en quête d’une faille exploitable.

Ces petits démons étaient souvent appelés sur le plan matériel, parfois pour répondre à des questions, d’autres fois pour servir de familiers à des magiciens aux obscurs desseins.

— Déneïr ? lança celui-là d’une voix grinçante. (Typique pour une créature issue d’un milieu naturellement enfumé.) Vous portez la tenue de son clergé…

Il regarda le bandeau rouge du chapeau de Cadderly, orné d’un médaillon en porcelaine et en or. Le motif représentait une bougie allumée au-dessus d’un œil ouvert. Le symbole de Déneïr.

Le prêtre hocha la tête.

Son « invité » cracha par terre.

— On espérait tomber sur un magicien en quête de familier ? demanda Cadderly d’un air entendu.

— On espérait tomber sur n’importe qui, sauf vous, prêtre de malheur !

— Accepte ce qui t’est donné : un aperçu du monde matériel vaut mieux que rien du tout, à la réflexion. Et ça te fait une petite pause loin de ton existence infernale.

— Que voulez-vous, prêtre de Déneïr ?

— Des informations. (Un démon d’ordre mineur connaîtrait-il les réponses à des questions complexes ?) Je te demande seulement le nom d’une puissance démoniaque supérieure que je pourrais invoquer.

Tête inclinée, le petit démon s’humecta les lèvres avec sa langue fourchue.

— Rien de supérieur à un nalfeshnie, s’empressa de préciser Cadderly à la vue du grand sourire de la créature.

Un nalfeshnie n’était certes pas un démon mineur, mais le prêtre pourrait le contrôler – au moins le temps de lui soutirer les informations voulues.

— Oh, j’ai un nom pour toi, prêtre de Dénéir…

Cadderly se lança dans une incantation, faisant se convulser le démon de douleur. Il se roula dans le cercle magique, des imprécations aux lèvres.

— Le nom ? Essaie de m’abuser et je te le ferai payer cher ! Ceci est un simple avant-gout de ce qui t’attend en cas de perfidie !

Même si un homme de bien comme lui avait scrupule à torturer la misérable créature, il avait parlé avec force et conviction, se rappelant l’importance de sa quête.

— Mizferac ! Un glabrezu stupide !

Cadderly leva le sortilège. Le petit démon, soulagé, battit des ailes en lui jetant un regard froid.

— Vous avez ce que vous vouliez, prêtre de Déneïr. Libérez-moi !

— Du vent ! (Alors que les contours de la créature – se livrant à des gestes obscènes – se brouillaient, il crut bon d’ajouter :) Je répéterai à Mizferac ce que tu as dit sur son intelligence…

L’expression affolée du démon en voie de dématérialisation le combla d’aise.

Plus tard le même jour, Cadderly invoqua l’imposant glabrezu armé de pinces… L’incarnation parfaite de tout ce qu’il haïssait chez les démons. Une créature archi-mauvaise, calculatrice et égocentrique qui cherchait à tromper l’humain à chaque mot. Cadderly réduisit l’entrevue au strict minimum, s’en tenant à l’essentiel. Le démon devrait s’enquérir auprès de créatures extraplanaires de la position exacte d’un elfe noir nommé Jarlaxle. Cadderly lança un sort puissant sur le démon pour le contraindre à retourner dans les Abysses sans chercher à arpenter le monde matériel.

— Ça prendra plus longtemps, maugréa Mizferac.

— Je te contacterai chaque jour, grogna Cadderly. (La colère était son bouclier. Il ne devait trahir aucune autre émotion.) Et chaque jour, mon impatience augmentera… autant que tes tourments !

— Vous vous faites de Mizferac un terrible ennemi, Cadderly Bonaduce, prêtre de Déneïr !

En montrant qu’il connaissait son nom, le démon tentait d’intimider Cadderly.

Mais l’humain, qui entendait aussi clairement le Chant de Déneïr que s’il s’était agi des battements de son cœur, se contenta de sourire.

— Si tu te libères de tes chaînes pour fouler la surface de Toril, viens donc me retrouver, Mizferac le stupide ! J’aurai plaisir à réduire en cendres ton enveloppe charnelle et à exiler ton esprit de ce monde pour cent ans !

Le glabrezu grogna. D’une chiquenaude insultante – et d’un mot de pouvoir –, Cadderly renvoya d’où il venait le démon furieux. Il connaissait par cœur les menaces et les insultes de cette maudite engeance. Après les épreuves qu’il avait traversées, depuis le combat contre un dragon rouge jusqu’à un duel avec son propre père, sans parler de la malédiction du chaos et du sacrifice consenti à son dieu, plus rien ni personne ne pouvait encore l’effrayer.

Les dix jours suivants, il rappela régulièrement le glabrezu. Enfin, il obtint des renseignements à propos de l’Éclat de cristal et du drow…

Jarlaxle n’était plus en possession de l’artefact. Son compagnon, l’humain Artémis Entreri, s’en était emparé.

Un nom familier… À l’occasion de leur court séjour à l’Envol de l’Esprit, Drizzt et Catti-Brie avaient parlé de lui. Un tueur à gages, un assassin… Selon Mizferac, Entreri, l’Éclat de cristal et Jarlaxle se dirigeaient vers… les montagnes Floconeigeuses.

Cadderly se frotta le menton en écoutant le glabrezu. Grâce à un sortilège, il s’était assuré de la véracité du rapport du démon.

— Vous avez ce que vous vouliez ! grogna le glabrezu en faisant cliqueter ses pinces avec impatience. Je suis libre, Cadderly Bonaduce.

— Alors, file, que je ne voie plus ton abominable laideur !

Le démon plissa le front et fit de nouveau cliqueter ses pinces.

— Je saurai m’en souvenir…, promit-il.

— Le contraire me décevrait ! répondit Cadderly d’un air détaché.

— Il paraît que vous avez des enfants ? ricana le glabrezu en se dématérialisant.

— Mizferac, ehugu-winance ! cria Cadderly, le piégeant avant qu’il ait fini de se dissiper dans les Abysses.

Le retenant de force, il lui infligea de vives douleurs.

— On a peur, humain ? le défia Mizferac.

Cadderly eut un sourire en coin.

— Il se passera un siècle avant que tu puisses revenir sur le plan matériel… Pourquoi aurais-je peur ?

La menace avait du même coup libéré Mizferac des liens de l’invocation… Mais Cadderly venait d’en tisser d’autres…

Le démon généra autour d’eux une obscurité maléfique. La voix tremblant d’une terreur feinte, Cadderly entama une incantation.

— Je te sens, stupide mortel ! jubila Mizferac.

Le prêtre entendit la voix grinçante monter de la gauche et devina que son adversaire recourait à la ventriloquie pour le prendre au dépourvu.

Le jeune homme s’absorba dans le Chant magnifique de Déneïr, accédant rapidement à la magie divine. Il détecta sans peine la source maléfique du pouvoir de Mizferac – à laquelle s’ajoutait celle d’un autre démon en cours de matérialisation…

Cadderly continua son incantation.

— Je tuerai d’abord tes enfants, imbécile ! promit le glabrezu avant de s’adresser à son congénère dans le langage guttural des Abysses.

Grâce à un autre sortilège qu’il avait activé bien avant l’apparition de Mizferac, le prêtre comprit parfaitement les propos qu’il tenait. Mizferac ordonnait au nouveau venu de distraire l’humain pendant qu’il allait traquer ses enfants.

— Je les sacrifierai sous vos yeux ! grogna-t-il…

Avant de hurler de douleur à l’instant où le nouveau sortilège de Cadderly agit. Des lames tourbillonnantes attaquèrent les deux démons. Un globe de lumière dissipa ensuite l’obscurité surnaturelle, révélant le spectacle : Mizferac et son congénère, un démon inférieur qui ressemblait à une sorte de moustique géant, promptement taillés en pièces.

Le premier rugit un mot de pouvoir – sans doute censé le téléporter en sécurité, supposa Cadderly. Un échec…

Le jeune prêtre, bénéficiant de la bienveillance du Chant de Déneïr, réagit le premier : sa prière annula la magie du démon avant qu’elle puisse prendre effet.

Un éclair illumina la scène, clouant Mizferac sur place tandis que les lames ensorcelées continuaient leur travail.

— Je n’oublierai jamais ça ! cria Mizferac d’une voix déformée par la souffrance et l’outrage.

— Bien ! riposta Cadderly. Ça t’évitera de revenir ici !

Il invoqua une seconde barrière de lames pour accélérer le processus. Les corps des deux démons furent hachés menu, les bannissant de Toril pour un siècle.

Satisfait, Cadderly sortit de la salle, couvert du sang des démons. Il lui faudrait trouver un sortilège adéquat pour en débarrasser ses vêtements.

Quant à l’Éclat de cristal, le prêtre avait eu ses réponses à point nommé… Un tueur, un drow et Crenshinibon, tous plus dangereux les uns que les autres, étaient en route pour les montagnes Floconeigeuses !

Cadderly devait prévenir Danica et se préparer à livrer une rude bataille.

Serviteur du Cristal
titlepage.xhtml
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Salvatore,R.A.-[Mercenaires-1]Serviteur du Cristal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html